Le Calgary Sexual Health Centre répond mieux aux besoins des communautés ethnoculturelles grâce à l’évaluation évolutive

20 septembre 2016

Par Natasha Blanchet-Cohen (Université Concordia).

Le Calgary Sexual Health Centre (CSHC) travaille à normaliser la santé sexuelle, axant ses efforts sur l’importance d’un corps sain, de relations saines et de communautés en santé. Le projet d’évaluation évolutive est né de la volonté de bonifier le travail actuel du CSHC auprès des nouveaux arrivants. Bien souvent, la santé sexuelle ne figure pas dans les programmes ou les services destinés aux nouveaux arrivants, ce qui fait des populations à risque. À cet égard, le CSHC avait lancé FAIR (Families Achieving Inclusive Relationships), un projet d’un an qui prévoyait l’embauche d’un employé provenant d’une communauté ethnoculturelle. Il était prévu que les participants s’inscrivent au programme de formation en matière de santé sexuelle, puis diffusent l’information reçue dans leurs communautés et organisations.

Le CSHC a voulu faire l’essai de l’évaluation évolutive, estimant que les connaissances et compétences acquises lui permettraient d’accroître sa capacité à offrir des services à ces communautés. Le CSHC voulait aussi partager cet apprentissage avec d’autres fournisseurs de services en matière de santé sexuelle et avec des organisations œuvrant auprès des immigrants.

« Ce qui était primordial pour faire l’évaluation évolutive, c’est que nous étions ouverts à apprendre, à changer. Nous avons tout remis en question et nous avons travaillé sur nos méthodes vis-à-vis les communautés culturelles. Nous aurions emprunté un tout autre chemin si nous n’avions pas adopté l’évaluation évolutive. »

– Le Calgary Sexual Health Centre

Pertinence et atouts de l’évaluation évolutive

Au départ, l’évaluation évolutive devait appuyer la méthode d’essais et erreurs appliquée dans la mise en œuvre du projet FAIR. L’apport de l’évaluation évolutive et son rôle dans l’élaboration du projet a changé au fil des modifications apportées à la nature même du projet.

En effet, le CSHC s’est rendu compte en cours de route que le projet FAIR ne suffirait pas pour répondre aux besoins en matière de santé sexuelle des communautés ethnoculturelles, et il a donc redéfini ses façons de faire.

Le processus d’évaluation évolutive a donc changé lui aussi, et s’est axé sur la façon dont le CSHC pourrait s’adapter à une nouvelle compréhension du contexte et de la manière de répondre aux besoins en matière de santé sexuelle des communautés ethnoculturelles et ce, de manière à mettre en place de meilleures interventions dans tous les champs de pratique du CSHC. Le processus d’évaluation évolutive s’est étendu sur 14 mois et a bénéficié de l’encadrement de Debb Hurlock et de Melissa Innes.

Questions d’évaluation

Des questions pertinentes et précises sont au cœur d’une démarche d’évaluation évolutive réussie. Les questions ont changé à mesure que les travaux du CSHC ont évolué. Au moment où le CSHC a déterminé son nouvel objectif d’impact, soit d’adapter son travail pour répondre aux besoins en matière de santé sexuelle des communautés ethnoculturelles, les questions se sont articulées comme suit :

En quoi consistent les stratégies du projet FAIR? S’agit-il de bâtir des partenariats entre le CSHC et les réseaux et agences de services aux communautés ethnoculturelles, puis de diffuser du contenu grâce à ces partenariats? Est-ce que le CSHC mise sur sa capacité interne à faire le travail, et ce, sans partenariat dans certains cas? Les deux?
De quelles autres ressources et capacités avons-nous besoin pour mettre en œuvre les stratégies retenues? De quoi devons-nous tenir compte dans le choix de nos stratégies et de nos partenariats (relations existantes, occasions intéressantes, levier potentiel, capacité interne suffisante au CSHC, et ainsi de suite)?

Méthodes et interventions

Fort de l’encadrement reçu des deux spécialistes en évaluation évolutive, le CSHC a utilisé diverses méthodes, y compris l’illustration de sa théorie du changement, la remise en question de sa théorie du changement, la cartographie réflective, la prise de conscience et la réflexion, la définition de valeurs ainsi que l’établissement d’un cadre d’évaluation formel. Outre l’encadrement et les divers outils d’évaluation évolutive, deux facteurs ont contribué au succès du CSHC :

L’ouverture face à l’apprentissage, au changement et à l’adaptation. Le CSHC avait une idée en tête, mais lorsqu’il est devenu évident qu’il devait se réorienter s’il voulait avoir l’impact escompté, il avait la capacité de le faire.
L’appui des dirigeants.Les dirigeants étaient favorables à l’évaluation évolutive. Cela a créé un espace où des conversations constructives pouvaient avoir lieu, et a mené à bien les décisions qui en ont émergé.

Ce travail a aidé le CSHC à briller et à tirer plus d’impact de ses programmes. Ce résultat n’est pas ce qui avait été prévu au départ, mais c’est là toute la nature de l’évaluation évolutive : on explore les idées émergentes et on apporte des correctifs en temps réel.

« Nous avons pu compter sur les bonnes personnes, dans les bonnes circonstances, afin de réellement examiner une situation de tous bords, tous côtés, et de faire les bons choix. S’ajoute à cela une approche d’évaluation évolutive qui était prête à nous mettre au défi. »

– Le Calgary Sexual Health Centre

Impact

Le principal impact de l’évaluation évolutive a été d’appuyer la transition du projet FAIR vers un engagement auprès de diverses communautés, engagement qui est devenu partie intégrante du travail du CSHC. Cela a changé la manière dont le CSHC cherche à générer de l’impact, et des améliorations ont été apportées pour mieux aider les communautés ciblées. Parmi les leçons que le CSHC a tirées du processus, citons :

Revoir son approche de travail auprès des nouveaux arrivants.
Concevoir une théorie du changement organisationnelle assortie d’un cadre d’évaluation.
Hausser le nombre de partenariats et d’occasions de collaborer avec les communautés ethnoculturelles.
Jeter les bases d’une évaluation formative.

Globalement, grâce à l’encadrement reçu en matière d’évaluation évolutive, l’organisation est mieux à même d’accomplir l’impact souhaité, et dispose des outils nécessaires pour apprendre et s’adapter en cours de route.

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