Entreprise sociale : un ajout à votre « coffre à outils ».
17 Décembre 2014
Par David LePage (Directeur – Accélération de l’impact sociale).
Il y a quelques jours, j’ai dû appeler un plombier pour régler le problème d’une fuite dans notre bureau. Nous lui avons indiqué le robinet qui coulait. Le problème qui s’était manifesté quelques jours auparavant par quelques gouttes s’était aggravé. Le plombier a commencé par ouvrir son coffre à outils duquel il a retiré un énorme marteau ! Plutôt étonnés, nous lui avons demandé si c’était véritablement le bon outil pour résoudre notre problème. Nous avons été encore plus étonnés par sa réponse : « Eh bien, c’est le seul outil que je possède et il a bien servi à régler le problème sur mon dernier chantier ; alors, pourquoi changer de cap maintenant? En même temps, je dois vous informer que mes honoraires ont augmenté de 20 % depuis notre conversation au téléphone hier. »
C’est une allégorie que j’aime utiliser pour mettre en contexte les défis sociaux et économiques complexes que doivent relever bon nombre de nos collectivités. Ce sont des questions difficiles et récurrentes et la difficulté semble s’intensifier en raison d’une pénurie de ressources et de la difficulté d’adapter nos techniques actuelles. Tandis que les problèmes augmentent en complexité, les outils dont nous disposons se limitent aux mêmes vieilles approches. Les frais sont à la hausse, mais notre financement demeure inchangé ou, pire encore, diminue.
Que penseriez-vous de trouver de nouveaux outils qui pourraient être ajoutés à notre coffre à outils pour aborder les problèmes sociaux et économiques les plus menaçants ?
Il y a un outil qui est utilisé souvent le secteur sans but lucratif qui s’est avéré de plus en plus efficace dans les situations difficiles. Il s’agit de l’adoption d’un modèle d’affaires qui s’appelle l’entreprise sociale. Les entreprises sociales sont les entreprises communautaires qui s’engagent dans le marché pour la vente de leurs biens ou de leurs services pour la réalisation d’objectifs d’ordre social, culturel et/ou environnemental ; les profits sont réinvestis pour optimiser la « mission sociale » de l’entreprise.
Le recours au modèle de l’entreprise sociale est devenu une source de « solutions » dynamiques face à de très nombreux problèmes : la pauvreté, l’intervention et la prévention, la création d’espaces de loisir dans la collectivité, l’élimination de l’exclusion sociale, la protection de l’environnement, la promotion du développement socio-économique, la promotion des arts et le renforcement de modèles durables dans le secteur sans but lucratif.
La création d’une entreprise sociale peut augmenter le nombre d’emplois pour les personnes qui sont souvent exclues du marché de l’emploi, comme les personnes handicapées, les personnes ayant des problèmes de santé mentale ou les personnes qui ont un dossier judiciaire. L’ancien modèle le plus fréquemment utilisé était le modèle de « formation à l’emploi » pour aider les personnes exclues à réintégrer le marché du travail. Malheureusement, les « outils » qui ont été souvent proposés dans le marché du travail traditionnel ne fonctionnaient pas avec les personnes qui sont souvent à l’extérieur du système. Nous avons fini par comprendre que les programmes de formation à l’emploi sont moins efficaces qu’un emploi réel. Dans ce contexte, l’entreprise sociale devient le « nouvel outil », c’est-à-dire une entreprise qui a pour mission sociale de donner un emploi immédiat aux personnes exclues.
Les exemples de réussite son nombreux : l’organisme BUILD à Winnipeg mis sur pied pour aider les Autochtones et les jeunes à risque ; à Toronto, Eva a créé un atelier d’impression qui emploie les jeunes de la rue ; EMBERS est un centre de ressources de main-d’œuvre à Vancouver qui emploie les sans-abri et les résidents du Downtown Eastside ; à Ottawa, le service de traiteur, appelé Krackers Catering, a été mis sur pied pour embaucher des personnes handicapées ; nous pourrions citer beaucoup d’autres exemples.
Il est difficile d’aborder les problèmes socioéconomiques complexes et récurrents sans avoir accès à un coffre à outils complet. Ces problèmes exigent de l’innovation et de la collaboration étroite entre les différentes parties prenantes, dont le gouvernement, le secteur privé et le secteur communautaire.
Si nous examinons l’évolution des entreprises sociales depuis quelques années, nous constatons qu’il y a un réel besoin de mettre sur pied un écosystème approprié pour assurer leur succès. Les intervenants qui travaillent dans les entreprises sociales et dans les organismes sans but lucratif doivent apprendre à identifier les informations et les ressources qui augmenteront la capacité de leurs initiatives. Après l’acquisition des connaissances de base, les intervenants pourraient s’engager dans un processus de mentorat pour identifier plus facilement les ressources disponibles. Ils doivent également développer un plan d’affaires mixte avant le lancement d’une entreprise.
Depuis plus de 15 ans, les organismes sans but lucratif favorables à l’entrepreneuriat étaient les pionniers dans ce secteur. Voir le site web des organismes sans but lucratif entreprenants (www.enterprisingnonprofits.ca). Le programme Innoweave, créé par la Fondation McConnell, a vite reconnu les opportunités d’apprentissage associées à ce nouveau secteur. Plusieurs entreprises sociales ont été identifiées, menant à la création d’un nouveau module offrant plusieurs volets de renforcement des capacités.
En matière d’entreprise sociale, Innoweave propose des ressources en ligne, des webinaires et des ateliers qui permettent aux organismes sans but lucratif d’explorer et d’évaluer les avantages associés à l’entreprise sociale. En plus d’organiser des ateliers, Innoweave offre des subventions modestes pour favoriser le processus de mentorat et pour identifier les besoins réels de l’organisme bénéficiaire qui contemple sérieusement la création d’une entreprise sociale.
Le processus mis sur pied par Innoweave, l’apprentissage et le mentorat ont tous pour objectif d’aider les organismes sans but lucratif à évaluer leurs besoins réels et à développer un plan d’affaires pour la création d’une entreprise sociale. Est-ce que cet outil convient à vos besoins et pourrait soutenir votre mission sociale tout en vous identifiant les sources de financement durables ?
Les organismes sans but lucratif sont reconnus pour leur créativité et la diversité de leurs coffres à outils. À titre d’animateur de plusieurs webinaires et d’événements d’apprentissage, organisés en conjonction avec Innoweave, j’ai souvent observé que l’énergie et la passion sont les deux attributs qui ont le plus aidé les organismes sans but lucratif à profiter pleinement de ce nouvel outil qu’est l’entreprise sociale. Elles sont dirigées par des personnes dynamiques qui apprennent et qui s’adaptent à une nouvelle réalité dans laquelle elles combinent l’enthousiasme et l’engagement pour résoudre les enjeux communautaires en tant que véritables gestionnaires d’une entreprise viable.